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Ma dernière rentrée des classes ...par Clodomir

7 avril 2008, 14:48, par Jean N.

Je lis seulement maintenant votre récit de 2006, Clodomir. L’angoisse de la rentrée, d’autres professeurs, sans doute, en ont souffert, comme vous. Je comprends que lors de vos dernières années, vous ayez appréhendé de retrouver des adolescents de moins en moins respectueux. Mais il fut un temps où, dites-vous, vous repreniez le collier avec enthousiasme, heureux de retrouver vos élèves. Cet enthousiasme, je ne l’ai jamais perdu pendant les seize années où j’ai enseigné dans le secondaire. Dès mon premier poste, comme raconté dans « Témoignages de passé », j’étais tout feu tout flamme. Ensuite, chaque année, j’aimais rencontrer les « petits » de sixième, comme on disait alors, auxquels j’allais infliger le latin, retrouver mes « grands » du cycle supérieur qui allaient subir mon cours de français.

L’angoisse de la rentrée m’a gagné lorsque j’ai été nommé Préfet des Études dans un autre établissement, en1966. Ce nouveau métier, moins fatigant physiquement, était bien plus éprouvant du point de vue psychique. La responsabilité d’un établissement de 700 élèves et de 70 professeurs est écrasante. Un collègue, ancien dans la profession, m’avait prévenu : « Ah vous avez voulu une promotion flatteuse ? Vous allez surtout vous occuper des chasses de cabinet. Vous auriez mieux fait de rater le concours ! » C’était une manière pittoresque de me dire que l’intendance prendrait le pas sur la pédagogie. En outre, je ne verrais plus d’élèves face à face que ceux que des professeurs sans autorité m’envoyaient pour que je les réprimande. J’étais devenu le croquemitaine de service. Avec les professeurs, mes rapports sont restés heureusement agréables, voire cordiaux, sauf rares exceptions.

En 1970, j’ai installé le « Rénové » à l’efficacité duquel je croyais. J’avais d’excellents professeurs aussi convaincus. Mon athénée ferait partie du deuxième groupe d’établissements volontaires de l’« expérience ». La déception est vite venue pour les professeurs et pour moi. C’est alors que j’ai connu les pires angoisses et frôlé la dépression. Le ministère n’a tenu aucun compte des observations des « expérimentateurs ». Après ceux-ci, je crois que plus aucun établissement n’a intégré le rénové de sa propre initiative. La résistance a même été vive. L’enseignement en Wallonie occupe une place honteuse dans les statistiques européennes.

J’ai aussi pris ma retraite à 60 ans en 1981, avec soulagement. Mais j’avais été un prof heureux ! Toutefois je rêve encore que je dois reprendre du service et comme vous, « je dois donner cours mais j’ai perdu mes notes ou mon cartable, ou je ne trouve pas le local ou je ne trouve pas les élèves », car j’ai perdu mon horaire ;
Jean N.

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