Le mardi 14/6/11, le journal Metro publie une photo en couleurs d’un rassemblement à Londres de femmes et de quelques hommes qui revendiquent le droit de s’habiller comme ils l’entendent et protester contre les agressions sexuelles. Selon le texte, la « marche des salopes » est un mouvement né au Canada en réaction aux déclarations d’un policier qui avait conseillé aux femme d’éviter de s’habiller comme des traînées si elles ne voulaient pas se faire agresser. Parmi les panneaux revendicatifs est écrit « IT IS A DRESS, NOT A YES ».

Au mois de juillet 2011, la télé nous montre des jeunes Indiennes qui manifestent en jeans et t-shirt contre les hommes qui les agressent quand elles se permettent de se promener en short en rue…

Le 16/8/11, la RTBF dans son émission « Ce jour là » nous reparle de cette grève des femmes de la FN le 16/2/1966 pour l’obtention d’un salaire égal au travail égal des hommes qui travaillaient comme elles à la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre. L’émission nous recadre le contexte de l’époque : c’est une grande période de libération de la femme. Le journaliste Jacques Mercier précise qu’à cette époque le pantalon n’était pas de mise pour les femmes. On considérait que c’était indécent. C’est Françoise Hardy qui la première a mis un ensemble pantalon à la télévision. On trouvait qu’elle avait l’air en pyjama. Toute cette émission m’a replongée dans l’ambiance de mon adolescence et m’a ramenée à mes revendications de jeune femme des années 60…

Au début des années 60, je fais mes humanités dans une école de province dans l’enseignement catholique. Et voici qu’arrive la mode du pantalon... Jusque là, le pantalon pour les femmes avait un rôle bien précis : on trouvait normal de mettre un pantalon pour faire du ski mais pas d’en porter tous les jours.
Le prêt-à-porter commence à peine à se développer. A l’école, on mettait une jupe et un chemisier ou une robe confectionnée par la couturière familiale. Par-dessus, le tablier bleu était indispensable.

Ma mère aimait que je sois habillée à la mode et tout de suite j’ai eu un pantalon. Cela posait un sérieux problème aux religieuses qui trouvaient que cela ne se faisait pas. S’habiller comme un homme pouvait être inconvenant et peut-être même scandaleux. Montrer son arrière-train à tout le monde, non, ce n’était pas possible ! C’était indécent ! La parade fut trouvée en nous imposant de porter la jupe ou la robe par dessus. Mais nous, les adolescentes, avons trouvé que ce système n’était pas acceptable non plus et nous avons refusé. Ma mère m’avait aussi acheté une veste en cuir dont la mode était de s’arrêter à mi-hanche. Et voilà que le problème revenait. J’ai eu des remarques. Finalement, les sœurs ont du accepter l’évidence de l’évolution des mœurs.

Actuellement, il m’arrive de m’insurger, seule dans mon coin, et de ronchonner contre ces filles ou femmes européennes qui s’habillent de cette manière : une robe sur le pantalon. Si elles savaient que l’on s’est battue contre le principe ! J’aimerais le leur rappeler.
Ceci ne s’adresse pas bien sur aux femmes asiatiques pour qui la longue chemise ou veste sur le pantalon est un habit conventionnel depuis toujours.

S’habiller comme un homme confère insensiblement une sorte de confiance en soi. Pourquoi ? Au fond c’est rentrer dans la masse, s’habiller comme tous les autres pour disparaître. Ne pas attirer l’attention. Nous portons tous et toutes le jeans. C’est dans l’air du temps.

Et alors que dans le passé je me suis battue pour porter un pantalon, maintenant je revendique le droit de porter une jupe ! Que celui qui ne veut pas voir mes genoux et mes jambes, regarde de l’autre côté. Oui, je soutiens ces anglaises qui veulent porter ce qui leur semble agréable tel ou tel jour. Mesdames, lors de la journée de la jupe, portez la jupe, défendez votre féminité.

On peut se demander pourquoi nous devons nous dissimuler. N’est-ce pas parce que les hommes ne résistent pas devant de belles jambes ou un beau corps ? Nous non plus, les filles, nous ne résistons pas devant un beau mâle. Mais ce n’est pas parce qu’ils sont beaux que nous les traitons automatiquement de « salopes » ou que nous allons les violer. Le rapport des hommes et des femmes à l’autre sexe est complètement différent. Il est encore accentué par les principes religieux.

Le combat de l’habillement homme-femme n’est pas nouveau. Georges Sand, née Amantine Aurore Lucille Dupin en 1804 est une des premières a avoir changé son nom et s’être habillée en homme. Et fumé le cigare. Son but était de pouvoir s’introduire dans le milieu des écrivains et avoir des conversations (intelligentes) alors interdites aux femmes. Au début du 20ième siècle, les femmes portaient de longues jupes. La guerre 40-45 a modifié la donne ; il fallait dépenser moins de tissu. La fin des années 60 a introduit la mini-jupe sans trop de problème. Maintenant il n’y a plus vraiment de mode annuelle. La femme s’habille comme elle veut, en court, en long, en jupe, en pantalon. En principe, on ne devrait plus se battre pour ce genre de problème.

Mais l’histoire continue… En 2010, une femme au Soudan a été condamnée parce qu’elle portait un pantalon. Quelles en sont les raisons ? religieuses ou conventionnelles (porter des vêtements d’homme). Jeudi 17/6/2011, j’entends à la TV française une information qui m’interpelle : les femmes d’Arabie Saoudite acceptent de renoncer à diverses revendications si, lisez bien, on les autorise à conduire seule une voiture. C’est aberrant ! Une femme saoudienne, même si elle a un travail comme nous, ne peut se rendre au travail, au supermarché, ou que sais-je, sans être véhiculée par un homme de la famille ou en prenant un taxi !

La lutte n’est pas finie. Toutes les femmes du monde se réveillent et commencent à exiger.
Mesdames, continuons le combat ! Et surtout restons maîtres de notre corps.

3 commentaires Répondre

  • Beatrice Pirard Répondre

    Salut Nicole,

    L’important pour moi est de m’habiller comme je me sens, que ce soit en pantalon, ou en jupe peu importe ; Je me rappelle que jeune adolescente il n’était pas question que je porte un short ni un maillot deux pièces ! Maintenant quand je vois des filles porter en hiver une mini-jupe, le nombril à l’air et qu’elles portent une écharpe tournée trois fois autour du cou même quand ce n’est pas l’hiver, cela me fait rigoler ; Il y en a qui se ridiculisent pour suivre une mode pas toujours très belle mais il faut être "comme tout le monde". Moi, j’aime de voir une femme élégante, qui reste elle-même sans sacrifier à tout prix à la mode. Et il n’est pas nécessaire d’avoir des décolletés plongeants (de plus en plus). Qu’une femme soit souriante, avenante, empressée auprès des plus faibles, serviable et que demander de plus. On voit assez sur les publicités un peu partout le corps des femmes exposé à tout va sans encore en rajouter dans la rue.

    Etre bien dans sa peau, sans choquer ni attirer à tout prix le regard.La distinction, il n’y en a pas beaucoup.

    • Nicole M Répondre

      Bonjour Béatrice,
      je te reconnais bien là. Moi non plus je n’aime pas les décolletés plongeants et les nombril à l’air. Mais tu ne me dis pas si tu te souviens de cette époque. Car si tu peux mettre un pantalon maintenant quand tu le souhaites c’est quand même grace à ces contestations des années ’60. Au plaisir de te revoir avec les autres JMV. Nicole.

  • françoise Répondre

    Bravo de nous remettre ces choses en mémoire.Moi aussi je suis dérangée de voir des femmes avec une jupe au-dessus du pantalon.Je trouve cela très laid, disgracieux et "bachant".Une anecdote me revient en mémoire : nous sommes en août 1961 ,je m’étais confectionnée un pantalon fuseau,pour des moments à la mer. Ce matin là,je m’habille "sport" pour rejoindre mon fiancé au "Quartier Léopold" et filer passer une journée à la mer. Je viens déjeuner en pantalon, Maman me regarde et me dit : vous n’allez pas partir comme cela ? Si je vais à la mer, Oui mais avant vous prenez le train... Je la brave, évidemment il me faut rejoindre Bruxelles ( depuis Namur).Elle hoche la tête et ajoute les yeux au ciel ,où allons nous ?
    J’ai pris le train et surpris de nombreux regards ...qui m’ont un peu gènée, mais au fond de moi il y avait quand même une certaine satisfaction.
    Françoise

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