Tous les officiers de l’armée doivent réussir un examen de seconde langue pour obtenir ce statut. En outre les officiers supérieurs doivent avant de pouvoir accéder aux épreuves de candidat-major réussir un examen de seconde langue plus exigeant. C’est normal puisqu’ils seront amenés à fonctionner dans des états-majors bilingues. Ce fut mon cas il y a plus de quarante ans. Francophone, né de parents wallons ne fréquentant aucune personne de l’autre régime linguistique, n’ayant pas de dispositions particulières pour les langues, le flamand constitua pour moi une difficulté importante tout au long de mon parcours scolaire. C’est la seule branche qui me valut le seul examen de passage que j’ai eu à subir pendant le secondaire. Plus tard je dus m’y prendre à deux fois pour réussir l’examen de flamand avant de pouvoir être candidat major. J’ajoute que j’étais loin d’être le seul dans le cas. Cette épreuve était une cause d’échec relativement importante.

Durant les stages avant l’Ecole de Guerre nous suivions des séances intensives de néerlandais. Le professeur civil avait repéré dans mon dossier que j’étais né à Tirlemont (pendant un stage de trois mois d’ingénieur technicien que mon père effectuait à la sucrerie) Il m’a fait clairement sentir qu’il me considérait comme une sorte de renégat et n’a durant tout le stage manqué aucune occasion de montrer mes faiblesses dans une langue qui, selon lui, aurait du être ma langue maternelle ( !).

J’ai servi plus tard pendant plusieurs années dans deux états-majors, l’un en Belgique, l’autre en Allemagne. J’ai donc côtoyé en permanence pendant tout ce temps des chefs et des collègues officiers de l’autre régime linguistique. Cela n’a jamais posé aucun problème. La règle était à l’époque que chacun, au cours des diverses réunions et il y en eut d’innombrables, parle dans sa propre langue. Il était donc tout à fait courant qu’un officier expose une situation dans sa langue et que les réponses aux questions ou les demandes de précision s’effectuent dans la langue de l’officier de l’autre régime linguistique intervenant à ce moment. Il n’était pas rare cependant qu’un officier néerlandophone réponde en français à un officier francophone et, chose peut-être plus surprenante, j’ai assisté plus d’une fois à des dialogues entre officiers flamands se poursuivant en français au cours de la même réunion, ce qui est tout de même assez extraordinaire. Je n’ai personnellement jamais assisté à une situation du même genre entre officiers francophones. Il faut admettre que beaucoup d’officiers flamands avaient une bien meilleure maîtrise de l’autre langue que la plupart des officiers francophones.

Pour la langue écrite, les officiers flamands étaient en général beaucoup moins doués mais il y avait des exceptions. Je me rappelle notamment d’un colonel artilleur parlant bien le français mais avec un assez fort accent flamand qui écrivait en français d’une manière extraordinaire autant par l’emploi d’un vocabulaire étendu et choisi que par :la manière de tourner ses phrases à un point tel que le général lui fit réécrire un jour, à sa façon, un travail demandé par le ministre de l’époque et qui avait été rédigé en première écriture par un colonel francophone beaucoup moins à l’aise dans sa propre langue.

J’ai dirigé plusieurs années un service bilingue comprenant des officiers, des sous-officiers, des volontaires et des miliciens des deux régimes linguistiques. Je m’efforçais évidemment d’intervenir chaque fois dans la langue des intéressés. Qu’ai-je constaté souvent ? Qu’ici aussi, mes subordonnés flamands, officiers et sous-officiers, au bout de quelques minutes, me répondaient en français. Cela se faisait tout naturellement. Peut-être constataient-ils des fautes de ma part ou un emploi peu clair de certains termes ou sentaient-ils l’effort que je faisais pour essayer de me faire comprendre parfaitement par eux , je ne sais mais je n’ai connu aucun problème dans ce domaine et ne me suis jamais trouvé à l’armée en face d’une mauvaise volonté de la part d’une personne de l’autre régime linguistique mis à part le cas cité plus haut.

C’était avant-hier ... !

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