Je vis depuis peu en Iran et tout à coup j’ai bien mal aux dents. J’ai très peur de me rendre chez le dentiste. Le pays est en voie de développement et c’est ma première visite au cabinet dentaire. Mon mari me rassure "Je te conduis chez le meilleur dentiste du pays. En Iran cette spécialité exige un doctorat, tous les dentistes sont docteurs et celui-ci est en plus professeur à l’université de Téhéran".

Nous sommes en 1955 et je suis enceinte. Pouvez-vous imaginer un cabinet dentaire sans électricité ou muni d’un faible courant ? Ou d’un courant plus ou moins puissant suivant la consommation utilisée dans la ville ? Je regarde d’un air ahuri le siège très rudimentaire et monsieur le dentiste qui me paraît déjà bien âgé et très nerveux, mais je me rassure "c’est un professeur qui enseigne à l’université". Ce qui m’étonne au plus haut point c’est la présence d’une "roue de vélo" reliée au fauteuil par un système de poulie. A quoi sert-elle ? Je me pose aussi des questions au sujet de la pédale dont est munie la roue. Comme dans tous les cabinets dentaires du monde entier, voici la fraise, le dentiste la tient et la dirige de la main droite tandis que son pied droit se place sur la pédale. Et il pédale de plus en plus vite, la roue tourne ce qui finalement met en marche un moteur et c’est ce moteur qui non seulement fait tourner la fraise mais aussi a pour résultat d’allumer la lampe qui éclaire la scène, faiblement d’abord mais ce jet de lumière devient de plus en plus lumineux. Quand la force du moteur diminue, la fraise ralentit sa rotation et la lampe perd de sa clarté. Et tout le système tombe en panne. Ce n’est pas grave. Quelques vigoureux coups de pédale et tout se remet en marche. Je me souviens aussi qu’il n’y avait pas d’appareil aspirant la salive. Je devais me contenter d’une petite quantité d’ouate placée sous la langue. De temps à autre cette boule d’ouate était remplacée. Mais j’étais si nerveuse, j’avais si peur que je "glettais" d’une façon honteuse. Le dentiste perdait la tête entre la fraise, la pédale, la roue et les ouates à remplacer. "Mais ce n’est pas possible, s’écria le dentiste, c’est la première fois de ma vie que je rencontre une dame jutant autant que vous."

2 commentaires Répondre

  • fernand Répondre

    Je reconnais bien ton style Johanna. Ecris, écris nous encore, beaucoup, beaucoup...Tu as tellement de choses à nous raconter. fernand

    • Laure Répondre

      Très divertissant à lire !
      Mais surtout, très bien écrit... avec beaucoup d’entrain et d’humour !
      Bravo !

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