Combien de premières fois y a-t-il eu au cours de notre « VIE » ?
Un nombre considérable selon moi, mais chaque première fois n’a pas été mémorable ni spectaculaire...
Parmi celles qui m’ont marquée plus particulièrement, je choisirai :

La première fois que je l’ai vu !... Qui donc ?...

A cette époque, je résidais dans une pension pour jeunes filles dont l’âge limite était fixé à
25 ans. Je venais de les atteindre... Exception faite après insistance de ma part, les deux demoiselles propriétaires des lieux m’acceptèrent pour une durée déterminée à condition que je respecte le règlement...

15 août 1957 - jour de l’Assomption - jour férié.

Fin de matinée, je me suis rendue à la messe comme habituellement le dimanche.
Côté « météo », la journée s’annonçait peu brillante !
Des projets je n’en avais pas de précis, j’étais plutôt d’humeur morose...

Vers 13h, j’ai pris le repas de midi avec les pensionnaires du dimanche car la plupart d’entre elles regagnaient leur famille pour le week-end.

Au cours du repas, une jeune fille prénommée Colette me proposa de sortir avec elle. C’était une jeune fille de 20 ans environ, grande, blonde aux yeux bleus. C’était notre première sortie ensemble. Elle me suggéra d’aller danser au RITZ qui se situait rue de la Violette à Bruxelles, non loin de la Grand’Place.

Vers 15h, un gros orage éclate sur la capitale et cela ne fit qu’accroître ma mélancolie...

Vers 18h30, si ma mémoire est bonne, nous partons vers le lieu de notre destination.
Le ciel était redevenu plus clément... Je me souviens, j’étais vêtue d’un chemisier « écru » à manches kimono et d’une jupe ample (godée) cintrée à la taille et de couleur verte « un vert prairie ou pomme » selon...

Après une marche d’environ 30 minutes nous arrivons à destination...

Je fis la découverte de ce café-dancing où je me rendais pour la première fois. Il était équipé d’un « JUKE-BOX », lecteur de disques public qui joue à la demande des titres musicaux. Celui-ci était alimenté principalement par des disques de musique allemande, ce qui me plongea dans le passé, ranima en moi une certaine nostalgie et me remémora ainsi les nuits dansantes lors des fêtes de Carnaval au Luxembourg...

Colette et moi avions pris place à une table ronde au bas de la piste de danse car celle-ci était légèrement surélevée de 3 ou 4 marches. L’établissement était assez petit mais sympa...

Le monde arrivait au fur et à mesure car la soirée venait de débuter...

Toutes les deux, nous avons été invitées à danser peu après avoir pris possession de notre place... Le plaisir de la danse me remonta le moral...

Lors d’un retour à notre place, après avoir dansé, nous avons eu la surprise de trouver un jeune homme qui entre-temps s’était installé à notre table. Cela allait de soi, il y avait des places inoccupées. Seulement le fait d’avoir un jeune homme à la nôtre pouvait nous porter préjudice « côté danseurs »...

Puisqu’il en était ainsi ; il fallait tenir compte de la situation...

Pour ma part, j’en profitais pour examiner discrètement le nouveau venu ! Avait-il fait exprès de choisir cette table ? Y en avait-il d’autres disponibles ? Ou était-ce un pur hasard ?...Je ne sais pas !!!
Ce fut ma première réflexion. Je m’interrogeais. De quel droit ? Je l’ignore encore.... Cela faisait partie d’un jeu d’ambiance...

Monsieur X était de taille moyenne, les cheveux noirs plaqués en arrière (petit détail, j’avais un penchant pour les cheveux foncés mais plutôt ondulés).
Il était vêtu d’un costume « Prince-de-Galles » (étoffe de laine finement quadrillée) dans les tons gris. Cela lui seyait et me plaisait à première vue. J’appréciais les tissus à plusieurs tons (carreaux, pied de poule, chinés, etc....) pour moi aussi d’ailleurs.

Le « HIC » car il y en avait un ! Il portait en lieu et place d’une cravate, un « nœud papillon » assorti au costume, de bon goût peut-être mais un fait rare à cette époque en dehors des grandes soirées en habit... Qui donc était ce personnage peu banal à mes yeux et en face de moi qui quelque part attisait ma curiosité ? Cela devenait une véritable analyse...

Heureusement la musique reprit son cours...
Cette fois, le choix du disque se porta sur une valse...
Personne ne bougea autour de nous, seuls 2 couples sur la piste.
J’ai pu constater par expérience qu’à Bruxelles les valses étaient très rares et généralement dansées par des couples qui se connaissaient...
La danse suivante fut une « rumba ». Je ne sais comment ni pourquoi mon regard croisa celui de l’inconnu d’en face qui aussitôt m’invita à danser... Je me levais, un peu émue malgré tout vu tous mes points d’interrogation en si peu de temps...et en passant derrière Colette, je lui soufflais dans l’oreille mais très discrètement « l’Affaire est dans le sac ! » Quelle affaire ? Qu’avais-je dit ? Pourquoi ? Le fond de ma pensée était que le fait d’avoir été choisie, je n’étais pas indifférente à notre vis-à-vis...
La première danse se déroula comme il se doit...
Ce soir-là, nous avons fait presque toutes les danses ensemble. Je dois rappeler ici qu’à cette époque, nous avions le privilège de pouvoir dialoguer avec notre cavalier danseur et ainsi de faire plus ample connaissance...

Par le fait même, nous avons découvert que nous connaissions l’un et l’autre la langue luxembourgeoise et un peu d’allemand, en tant que frontaliers.... Lui, Roger, car entre-temps nous avions échangé nos prénoms, était natif d’un village des environs d’Arlon à la frontière belgo-luxembourgeoise où l’on parlait couramment le luxembourgeois.

De mon côté, j’étais originaire d’une localité située en France à la frontière franco-luxembourgeoise où les aînés surtout parlaient davantage le luxembourgeois que le français ; ceci à la suite des annexions successives de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne (1870 à 1918) et (1940 à 1945).

A 21h, nous avons dû quitter les lieux car le « couvre-feu » à la pension avait lieu vers 21h30 même le dimanche.
J’ai salué mon partenaire de la soirée par une poignée de main. Il en profita pour me demander gentiment si nous pouvions nous revoir le dimanche suivant au même endroit vers 19h30. J’ai acquiescé... Pourquoi pas ?... Qui vivra verra. Pourquoi se priver de risques plaisants ?... me suis-je dit.

Puis, nous avons quitté les lieux, Colette et moi ainsi qu’un jeune homme qui avait passé la soirée à danser avec Colette.

Moi, je rentrais seule, mon cavalier, contrairement à la plupart, préférait s’abstenir de cette mission.... Encore un point d’interrogation ?... Une tactique parmi tant d’autres... Cela m’amusait beaucoup... J’étais satisfaite de ma soirée...

Premier baiser : nous l’avons échangé lors de notre troisième rendez-vous au cours d’une
promenade dans la parc d’Egmont situé chaussée de Waterloo, sous une
voûte, à l’abri des regards...

Premier souper spaghettis en tête à tête : lors de notre troisième ou quatrième rencontre au « Globe », rue Fossée-aux-Loups.

Première rencontre avec son frère cadet et sa fiancée : 5 ou 6 dimanches après notre première
rencontre.

Première rencontre avec sa maman et famille : début décembre.

Première rencontre avec mes parents et famille : 12 janvier 1958.

C’est ainsi que naquit notre idylle qui (1 an 1 semaine et 1 jour) plus tard se concrétisa par notre mariage le 23 août 1958.

Marythé

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