Ce texte a été rédigé en mars 2005. Notre fils est parti le 21 août 1971. Après 34 ans, ces lignes ont été écrites afin que Luc ne meure pas.

24 août 1971. C’est une très belle journée que l’été finissant nous offre. Les bouleaux perdent déjà leurs premières feuilles et les colchiques fleurissent le long du chemin de Chacoux, hameau d’Annevoie. Mais ce bel été est le plus dramatique de notre vie. Aujourd’hui, nous enterrons Luc, notre fils aîné.

Les cloches de l’église sonnent. Mâchoires soudées, bouche desséchée, anesthésiée, je suis dans un autre monde, je ne sens plus rien. Je me rappelle peu de choses de cette journée, sauf que, vieille habitude campagnarde, hommes à droite, femmes à gauche, son Papa et moi sommes séparés pendant l’office. Le chemin vers le cimetière, la collation traditionnelle, les marques de sympathie, je vis tout cela dans un état second. J’ai toujours traversé les moments spéciaux de ma vie, qu’ils soient heureux ou malheureux, dans cet état.
La famille, les amis, quelques copains d’école rassemblés à la hâte et contents de se retrouver après les vacances, parlaient et riaient même. Dans le courant de l’après-midi, son Papa et moi nous nous échappons et retournons seuls sur la tombe. Mais que s’est-il donc passé pour que nous nous trouvions là devant ce caveau, couvert de fleurs blanches, en plein soleil ?

Jeudi 17 juin. Luc n’est pas bien. Nous nous rendons chez le médecin de famille qui conclut à une infection urinaire.

Mardi 22. Dernier jour des contrôles : écriture. Luc est gaucher, comme sa Maman, et écrit mal. Tôt le matin, il entre dans notre chambre : il a des nausées. Je mets cela sur le compte de l’angoisse et lui dis : « Je sais que c’est difficile pour toi de bien écrire, fais ton possible et après-midi, tu retourneras chez le médecin « . Le voilà rassuré et moi aussi, mais pas pour longtemps. Devant l’inefficacité de son traitement, le docteur penche maintenant pour une appendicite. Luc doit être opéré d’urgence. Vers 14h00 heures, ma directrice me libère. Elle me donnera congé jusqu’à la fin juin.
Je prépare le petit, fort confiant, et nous partons pour la clinique St-Joseph , avenue Malou. Il sera opéré à 17h30. Malgré que son Papa et moi travaillions dans la chambre, le temps devient long, il y a plus de deux heures qu’il est parti. Et je songe : au fond, mon fiston a toujours été, à mes yeux, le malchanceux de la famille ; coutures, cicatrices et plâtres n’ont pas de secret pour lui. Après ces deux longues heures, nous devenons inquiets. Enfin la porte s’ouvre, le Docteur Chapelle entre, calme.
« L’intervention a été plus longue que prévu, il y a une complication, le chirurgien a retiré une tumeur ».
Et si c’était une tumeur maligne ? Mon gamin si beau, si fort, si bien portant ! Ce n’est pas possible. On n’a pas le cancer à sept ans ! Je hais le cancer, il ronge, il est sournois, il est infect.
Luc remonte après 2h45. Que de questions dans ma tête folle ! Petit à petit il sort de son brouillard, ne comprend pas le pourquoi de tout cet attirail qui le cale au lit. Je passe la nuit et la journée suivante près de lui, demain ce sera au tour de Papa.

Jeudi 24 juin : jour le plus horrible de notre vie. Le Docteur Graff, qu’il appellera « docteur agrafe » nous dit : les résultats de l’analyse sont catastrophiques, le cas est désespéré. Le verdict tombe : Luc est atteint d’un lymphoblastosarcome. La tumeur enlevée touchait des organes vitaux, des métastases galopantes envahissent le péritoine. Mon petit garçon va mourir ! Ce soir-là, son parrain l’a veillé, nous nous sommes sauvés en sanglotant comme des enfants ; fuite éperdue chez tante Monique où Anne et Yves dormaient déjà.

Dans les jours qui suivront, son Papa ira demander conseil tous azimuts à plusieurs médecins. Le Professeur Maisin lui-même, cancérologue réputé de Leuven, après lecture du protocole, dira : « Ne me l’amenez pas, ce serait une fatigue inutile. Je ne peux rien faire ». Alors quoi ? Cobalt ? Chimio ? Pour une guérison ? Non ! Une petite rémission. Eh bien NON, Luc ne souffrira pas, il ne perdra pas ses beaux cheveux blonds.
La prise en charge d’Anne et Yves par leur tante nous permettra de veiller à tour de rôle les dix-huit jours passés en clinique

Je me souviens avec émotion de l’anesthésiste qui passait presque tous
les soirs ; il portait toujours des lunettes solaires. En pensant à un personnage de ses Lucky Luke, tant lus et relus, Luc l’appelait « le docteur des voleurs ».

Nous remercions du fond du cœur tous ces médecins qui ont toujours dit la vérité. Cela nous a permis de vivre intensément la fin d’une petite vie à peine commencée.

Samedi 10 juillet. C’est l’adieu à la clinique St-Joseph. Nous filons à Annevoie achever sa convalescence. Le mensonge commence ; il faudra lui mentir, lui mentir jusqu’au bout. Installé dans la voiture de son oncle Pierre, plus confortable que la nôtre, il rayonne. Luc aimait la vitesse et le conducteur, pris au jeu, disait :" 120, 130, 140..., Luc".Luc allait retrouver ses arbres ; il était heureux. Son Papa, qui suivait seul, pense et revoit son fils cinq mois plus tôt à l’enterrement de son grand-père. Jacques a perdu son père et son fils à six mois d’intervalle. Anne et Yves nous rejoignent le lendemain. Devant l’insouciance de deux enfants - huit et trois ans et demi - nous essayons de vivre un semblant de vacances ; C’est un très bel été.

Nous installons le malade dans une pièce du bas. Par la fenêtre ouverte, les amis du village entrent et sortent ; ils viennent jouer, parler et rire avec lui. Un lapin vivant, appelé Nicolas en souvenir de son meilleur ami, passe beaucoup de temps sur son lit.

Mercredi 14 juillet : c’est son anniversaire. Nous lui préparons une grande fête. Tout le monde s’y met, nos petites voisines, Marthe et Michèle, décorent la pièce. Beaucoup de connaissances l’entourent. Il reçoit des cadeaux, les absents envoient des cartes. Sa petite cousine Catherine, sa préférée, est assise à côté de lui. Ce jour-là, nous avons son dernier sourire sur pellicule. Je le vois encore souffler avec peine les sept petites bougies.
Trente ans plus tard, Catherine, maman de Léonard, a glissé dans un bouquet de fleurs déposé sur le caveau, un dessin fait par son fils à l’intention de Luc.

Quelques jours plus tard, à l’occasion de mon anniversaire, il rassemblera l’argent de sa tirelire et enverra sa sœur au village, à l’atelier de La Forge, acheter un beau bracelet en maillechort. Je le porte rarement de peur de le perdre.

Il nous arrivait de faire quelques escapades. La dernière a lieu dans les bois qu’il aime tant. Pendant que les autres enfants jouent, allongé sur une couverture, sous un hêtre gigantesque, il s’est mis à peler, avec le canif paternel, l’écorce d’un morceau de bois. Quelle relique pour nous ! Cela se passe à Floreffe, dans le Bois de Salzinnes, rebaptisé par nous le « Bois de Luc ».

Le 16 août, son papa se rend chez le notaire de Dinant pour signer l’acte de rachat et de propriété de la maison. Quelques jours plus tôt, un entrepreneur visitait la maison afin de juger des travaux à effectuer. Le pauvre gamin croyait qu’on allait vendre. Mais non, il mourra donc bien chez lui.

Luc s’affaiblissait de jour en jour, bientôt il ne quitte plus son lit divan. Il dort une partie de la journée et angoisse la nuit. Nous le veillons tour à tour : plus question de dormir. Mais je tiens, il faut faire face. Les deux autres petits, les repas - pour Luc des boulettes à la sauce tomate, matin, midi et soir -, les lessives, les visites et surtout l’immense chagrin que je dois cacher, celui de le voir dépérir.

J’allais dans le haut du jardin, loin de tout, car j’étais à bout de forces. C’est à cette époque que j’ai compris le sens du mot « décharné ». Luc est un squelette que je lave, habille, soigne, masse et caresse.

Mais septembre approche ; il est conscient et inquiet.
« Que se passera-t-il à la rentrée ? Serai-je guéri ? »
« Non, ta convalescence sera longue. Les premiers jours de la rentrée, une jeune infirmière viendra près de toi. A 16h00 heures, j’irai chercher ton travail à l’école et nous le réaliserons ensemble. »
Mon médecin m’avait promis un certificat justifiant ma présence auprès de lui le temps qu’il faudrait.

Les jours avancent : il ne parle plus beaucoup mais il entend. Son papa chante en boucle « Le Petit royaume » de Julos Beaucarne. La dernière nuit, celle du 20 au 21 août, est une nuit de cauchemars. Comme la chèvre de Mr Seguin, il a lutté jusqu’au bout et le matin à 9h30, il a lâché prise. Il s’est éteint, seul. Son papa et moi avions quitté la pièce pendant quelques minutes.

Je pense ici à un passage du livre « Oscar et la dame rose », de E.-E. Schmitt :
« Il s’est éteint ce matin, pendant la demi-heure où ses parents et moi nous sommes allés prendre un café. Il a fait ça sans nous. Je pense qu’il a attendu ce moment-là pour nous épargner. Comme s’il voulait nous éviter la violence de le voir disparaître. C’était lui, en fait, qui veillait sur nous. »

Le quintette est devenu quatuor. Nous ne serons plus jamais tous ensemble.

Et après tout cela, il fallait continuer à vivre, à travailler...
Pendant des mois, nous avons été en rupture et avons évité tout contact avec amis et connaissances. Mais eux étaient plus obstinés que nous. Je pense surtout à Annette, décédée depuis 18 ans, qui un jour m’a dit : « On en parle ou on n’en parle pas ? ». Et nous avons beaucoup parlé. Elle avait l’intelligence du cœur.

Deux enfants sont venus agrandir notre famille : Eric, arrivé de l’Inde en 1973 et Nicolas, né la même année.
La période qui a suivi fut très dure. Ni mon mari, ni moi n’avons échappé à la dépression, mais nous nous sommes fait aider et, à long terme, nous en sommes sortis plus forts.

2 commentaires Répondre

  • Martine L. Répondre

    chère Elia, ton texte sur ton petit Luc, sa vie, sa maladie, son départ à sept ans de vie m’a bien évidemment émue jusqu’au plus profond...... tu le racontes avec un tel Amour, une telle Tendresse et tellement d’empathie...... mais , aussi, tu fais un tableau de ton petit Luc tellement humain et profond.... qu’on a l’impression de l’avoir connu, ce petit bonhomme de courage et d’intelligence..... que çà en est attendrissant !
    comme toi, je crois que ceux que l’on aime et qui nous quittent nous protègent pendant leur maladie, ils sont tellement navrés de nous imposer cet immense chagrin et ce départ lent et difficile...... qu’ils puisent en eux une force incroyable pour y trouver des trésors de philosophie et d’humour pour adoucir nos coeurs et nos blessures.....
    c’est un vrai mystère de la Vie qui nous laisse un peu sans réponse , tellement c’est beau ...... je suis sûre que ton petit Luc continue à insuffler en toi et en toute ta famille son courage, sa sagesse et sa bonté....
    merci pour ce récit tellement fort et humain que tu nous offres là ......je suis convaincue que tu es une femme et une maman for-mi-da-ble ! reçois mes amitiés, Martine L.

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    Luc, notre fils interrompu par Elia
    10 octobre 2005, par Jacqueline Bouzin
    Chère Elia,

    Comment ne pas avoir les larmes aux yeux en lisant votre texte. Merci pour votre courage d’évoquer avec tant de délicatesse votre petit Luc qui vit maintenant éternellement dans votre coeur et dans le nôtre.Vous me rappelez ma maman, décédée depuis peu, qui me disait, 25 ans après la mort de mon frère Michel :"Sais-tu qu’il n’est pas un jour sans que je pense à lui ! Pour un parfum de cigarette, pour le son d’une voix, pour la couleur d’une mèche de cheveux..." La mémoire d’une mère est inaltérable, n’est-ce pas ? Puissent vos nouveaux enfants vous apporter toutes les joies que Luc n’a pas eu le temps de vous donner. Avec toute mon affection. Jacqueline B.

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    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    16 octobre 2005, par Elia

    Chère Jacqueline, Mon texte a réveillé en vous une douleur profonde. Votre maman a continué à vivre avec son fils.Mes 4 enfants et 6 petits-enfants "connaissent" ce frère ou oncle qui est toujours au coeur de notre famille heureusement bien soudée. Le souvenir de Luc m’aide à ramener certaines épreuves à leur juste valeur. Merci pour ce message. ELIA


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    10 octobre 2005, par dadu

    Chère Elia, Ton témoignage est bouleversant comme toutes les morts d’enfant.J’ai été heureux de lire les dernières lignes qui m’ont rassuré quant à votre famille. Vous avez su vous faire aider et vous avez surmonté le drame. Je pense que Luc n’aurait pas demandé autre chose. Les choses aujourd’hui ont évolué. Il y a les soins palliatifs, il y a des groupes pour aider les familles, mais devant la mort d’un enfant on cherche encore la voie. La trouvera-t-on un jour ? Merci pour ce texte qui pourra peut-être aider d’autres parents vivant les mêmes affres. Et pardon de t’avoir tutoyé, mais c’est pour être plus près de vous tous. Dadu

    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    16 octobre 2005, par Elia

    Cher Dadu, Oui, nous avons survécu à ce drame grâce à l’amour qu’il y avait entre nous deux et celui que nous avons donné aux autres enfants. En 2005, je vois avec plaisir que des structures aident les parents et les frères et soeurs.J’ai retrouvé ma voie : l’enfant est une priorité dans ma vie. Grand merci. ELIA


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    10 octobre 2005, par clodomir

    la mort d’un enfant, on ne s’en remet jamais vraiment ; j’ai perdu une petite fille, le jour même de sa naissance (en fait, elle était morte avant de naître) ; j’ai néanmoins dû aller déclarer la naissance-et le décès-à la maison communale d’Uccle ; j’avais oublié qu’il fallait 2 témoins et j’ai dû prendre 2 pensionnés, témoins professionnels qui passaient leurs journées dans le couloir à attendre les étourdis qui n’avaient pas pensé à se faire accompagner ; ils ont attendu que je leur donne une "dringuelle" et n’ont pas trouvé un mot à me dire. et puis, il y a eu l’enterrement où j’étais seul avec mon père ; t’as pas idée, ce que c’est petit un nouveau né, ça tient dans une boîte à cigares ! c’est ça mon plus affreux souvenir. le perdre après 7 ans quand on le connait déjà, qu’on s’en occupe depuis tant d’années et qu’on l’aime ... forcémént ! Et l’avoir vu mourir à petits feux ! C’est encore bien pire ; j’imagine votre douleur et votre désarroi ; comment peut-on survivtre à ça ? Je ne comprends pas ; heureusement, il y a les autres enfants ; nous n’en avions pas ; c’était notre première ; ma femme a failli s’effondrer en dépression profonde. Par bonheur, moins d’un an après, elle s’est retrouvée enceinte (sans l’avoir voulu) ; tu imagines dans quel état d’esprit nous avons vécu la deuxième grossesse ! Par chance, tout s’est bien passé et le deuxième enfant, encore une petite fille, nous a redonné une raison de vivre et le goût de le faire mais il reste toujours une fêlure au fond. Je suis content d’avoir passé ces quelques minutes avec toi ; tu as toute ma sympathie et mon affection.
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    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    16 octobre 2005, par Elia

    Cher Clodomir, Par mon texte, j’ai réveillé chez toi un moment très douloureux de ta vie. Cette douleur nous suivra sans doute jusqu’à notre propre mort.Mais je crois que ces émotions peuvent avoir des suites positives.Finalement ce sont les enfants qui nous donnent la force de repartir. Merci pour ton apaisante réponse. ELIA


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    11 octobre 2005, par nenette

    Chère Elia, j’ai lu et relu ton texte (tu me pardonneras s.t.p.ce tutoiement, mais je me sens si proche de toi que je ne peux faire autrement !)le 21/08/71, luc est parti sans bruit, comme le petit prince de st.Ex.,un texte que je n’ai jamais cessé de relire depuis ce 7/06/70 où brutalement , je me suis trouvée au bout de mes rêves en sachant qu’ils ne pourraient jamais plus se réaliser . comme toi j’ai aussi compris la force de l’amour et à sa continuité par laquelle il vivra tant que nous serons là avec toute notre immense affection :
    Luc,notre fils interrompu ..

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    Luc, notre fils interrompu par Elia
    11 octobre 2005

    Élia,

    J’ai lu votre récit le coeur en lambeaux. Votre texte est étonnamment humain et touchant. Ce n’est certes pas dans l’ordre des choses que de perdre un enfant... Des amis à moi du Québec ( Canada ),Carmen et Jean, ont perdu une adorable fillette à cause d’une saleté de cancer.

    Je sens dans votre texte cette météorologie intérieure qui caractérise tous ces malheureux parents confrontés à ces terribles douleurs. Et elles ne se mesurent guère. Évidemment, que de silences essentiels débordant de présence pendant des années ou même des décennies.

    Vous nous rappelez que le bonheur est composé de plusieurs pièces, mais quand il en manque un gros morceau, c’est l’angoisse, le désespoir voire la maladie.

    Je n’ai pas été en déficit d’émotions en lisant votre récit. Comment oublier le "premiers je t’aime" de nos enfants et de nos petits-enfants ? Et aujourd’hui, des cancers, des séparations et des divorces nous les enlèvent en imposant leurs souffrances et leurs deuils.

    L’écriture peut se faire médicamenteuse. Heureusement pour certaines personnes,celle-ci agit comme un confident sûr et patient.

    Mais entre ces avalanches de larmes, les personnes éprouvées par la perte de leur enfant se rabâtissent à leur rythme... avec cette lourdeur du moi quotidien.

    Merci beaucoup d’avoir partagé ce morceau de votre intimité. Donald Lanthier, St-Jérôme, Québec, Canada.

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    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    16 octobre 2005, par Elia

    Donald,
    je vous remercie. Même éloignés, nous sommes proches.Vous avez vraiment tout compris.La vie est jonchée d’épreuves et pourtant nous continuons à avancer. Ecrire ce texte a été très dur. Que d’émotions sont remontées à la surface pour mon mari, ma fille - qui n’avait que 18 mois de plus que son frère - et moi-même.L’écriture m’a été salutaire et toutes les personnes qui ont répondu me donnent chaud au coeur.ELIA

    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    16 octobre 2005, par Elia

    Chère Nenette,
    Merci pour ton chaleureux message. Oui, Luc vivra tant qu’on en parlera, tant qu’on regardera ses photos.Il est toujours présent parmi nous à chaque fête de famille. Nous y veillons.Récemment encore, sa soeur aînée nous confiait :"Ilme manque tellement". Encore merci.ELIA


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    12 octobre 2005, par Philippe

    Bonjour Elia,

    Je me souviens du jour ou tu nous as « confié » ce pénible moment de ta vie et du « silence » qui s’en est suivi.

    Ce fut pour moi comme une douche venant effacer le camouflage d’une cicatrice ancienne, celle du jour ou, portant le petit cercueil de mon neveu, colère ..., déception ..., injustice ..., fureur ..., incompréhension ..., tristesse ... et j’en passe, autant de sentiments qui se sont, ce jour là, livrés une guerre impitoyable me laissant totalement impuissant et épuisé.
    Et il n’était pas mon fils.

    Alors que penser pour toi et Jacques, pour tous ces parents qui se sont retrouvés devant une telle situation mais avec ces mêmes sentiments plus que décuplés ?
    Je n’ose imaginer ...

    Alors, je me tais non sans oublier de te remercier pour la « confiance » que tu nous a accordée. Merçi Elia.
    Philippe

    Répondre à ce message
    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    20 octobre 2005, par Elia
    Cher Philippe, La vision de la photo de Luc sur Magusine a fait renaître en moi une forte émotion. Chez toi aussi, la perte d’un neveu a laissé des traces. Ces événements font des ondes dans toute le famille. Merci et amitiés. ELIA
    Luc, ...


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    13 octobre 2005, par Alice Jadin (Groupe 1 de Liège)

    Bonsoir Elia, Je voudrais te dire combien ton histoire m’a touchée, mais...je n’ai pas de mots...j’ai peur de ne pas trouver les mots... C’est le coeur serré et des larmes plein les yeux que j’ai lu ton texte. Comment peut on survivre au drame qui est la perte d’un enfant ? Tu as trouvé dans cet amour inconditionnel qui lie une mère à son enfant le courage et la force morale d’accepter, de faire face et de continuer pour les autres petits avec dans le coeur et dans la tête le souvenir de ton cher petit garçon. J’espère que tu as trouvé la paix du coeur aidée en cela par Luc, qui j’en suis certaine est avec toi tous les jours... Prends soin de toi. Alice.
    Pour Elia.

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    Luc, notre fils interrompu, par Elia
    20 octobre 2005, par ELIA

    Chère Alice, Ton message m’a fait du bien.En effet, Luc m’accompagne tout au long de mes journées. Avant-hier, le 18, c’était sa fête. Quand je regarde sa photo fleurie, il est encore plus proche de nous. Mais aujourd’hui, la paix est en moi, pour toujours j’espère. Merci. Elia


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    13 octobre 2005, par Maclo.

    Chère Elia, j’ai été très émue en lisant ce message après 34 ans, la blessure est toujours là, présente, la cicatrice fait encore mal, comme je vous comprends, la perte d’un enfant est la chose la plus cruelle qui puisse arriver à des parents. Ma soeur vient de perdre un de ses deux fils dans des circonstances dramatiques et sa douleur est tellement profonde qu’on souffre avec elle sans pouvoir l’aider.

    Vous avez su, plus tard faire le deuil de votre petit Luc, continuer à vivre, je suis sûre avec une autre vision de la vie, une plus grande générosité, votre enfant trop tôt disparu vous aura très certainement aidé. Merci d’avoir écrit ces lignes que j’ai lues avec beaucoup d’émotion.

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    Luc, notre fils interrompu ,par Elia
    20 octobre 2005, par ELIA

    Bonjour Maclo, Mon texte a réveillé en vous la tragique disparition de votre neveu.Comme il est difficile pour l’entourage de prendre part à une peine si profonde ! Je crois qu’il faut écouter, toujours écouter. Depuis le départ de Luc, ma vision de la vie a progressivement, mais profondément changé. Je n’accorde plus d’importance qu’à l’essentiel.Bon courage, Maclo, et encore merci.Elia
    Luc, ...


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    21 octobre 2005, par jappy
    Merci à vous deux.
    Répondre à ce message


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    27 octobre 2005, par Fernand
    Madame Elia,

    J’ai été très ému ( qui ne le serait pas ?) à la lecture de votre récit. Malgré le temps écoulé vous n’avez rien effacé. Bravo d’avoir eu la volonté et la force de continuer à vivre. D’abord pour vous- même mais aussi et surtout pour vos autres enfants. Quel témoignage pour nous dire que la vie est plus forte que la mort. Je ne me permettrai pas d’associer votre terrible épreuve avec un de mes quelconques vécus. Je n’ai pas connu ce genre de drame et crois que nous avons seulement le droit de nous incliner en silence et avec un immense respect devant une telle douleur. J’ai assimilé la mort depuis très jeune ; mes convictions religieuses m’y ont sans doute aidé. Cependant, la mort d’un enfant est pour moi resté une profonde injustice. Sans que cela devienne révolte, je ne comprends pas. Merci Elia pour votre poignant témoignage. Fernand dobbelstein

    Luc notre fils interrompu
    Répondre à ce message
    Luc, notre fils interrompu, par Elia
    14 novembre 2005

    Monsieur Fernand, Votre réponse sensible témoigne que pour vous la vie est plus forte que la mort.A cette différence près pour nous que nous n’y associons aucune conviction religieuse.Luc était un être de chair et de sang et rien, nulle part dans l’avenir ne peut remplacer cette chaleur d’un enfant vivant.Photos et autres souvenirs de notre gamin sont désormais sa seule vie ou survie. La vie c’est ce que nous avons pu garder et donner à ses frères et soeur.Merci pour la sincérité de votre témoignage et pour votre sympathie. ELIA
    Répondre à ce message


    Luc, notre fils interrompu par Elia
    3 novembre 2005, par Josée Langlet

    Chère Elia, J’ai lu ton texte avec une profonde émotion. Cette matinée, où tu nous as confié ce récit douloureux de ta vie, restera, à jamais, gravée dans ma mémoire. Nous étions tous abasourdies, incapables de prononcer un mot, le silence parlait pour nous ! Mes souvenirs d’enfance-enfouis dans ma mémoire, mais toujours vivaces- ont refait alors surface. Lorsque j’avais 7 ans, "Odileke", une de mes petites souers, alors agée de 3 ans, est décédée suite à une méningite foudroyante. A la maison, la tristesse a fait place à la joie et Maman ne fut plus jamais la même, bien que trois petites filles soient nées par la suite. Mais la mémoire "d’Odileke" est restée présente, par les photos et les fleurs. J’Admire ton courage d’avoir pu sublimer cette grande douleur en la couchant sur le papier. Un grand espoir t’habite : celui de vivre pour ta famille ; "Nous sommes sortis plus forts" dis-tu. Voilà bien résumée ta force devant l’épreuve. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans la vie. De tout coeur Josée L.

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