La première fois...... je croyais qu’elle avait eu lieu bien avant. Cela m’a fait un choc, un double choc : l’idée que je m’en faisais n’était pas la bonne et cela avait eu lieu quand même.
A mon insu.
« La première fois », je n’y croyais pas _ qu’il fallut un signe, une manifestation pour confirmer que c’était arrivé.
Ceux que j’appelais d’une ironie gentille « mes fils chéris »....
Leur autonomie, je l’avais voulue depuis leur plus tendre enfance : pas de chantage affectif.
Leur autonomie : qu’ils assument leur statut du moment, leurs actes, pas à pas, ni trop ni trop peu, mettre le temps qu’il y fallait.
« Autonomie », lorsque j’ai pris la mienne, je croyais la leur assurée. Pouvions-nous nous dissocier les uns des autres ?
Le lien affectif fut quelquefois, quelques fois malmené. J’en souffris, peut-être eux aussi.
L’autonomie affective, celle dont on ne veut pas, était loin d’être assurée - sujet tabou.
Curieusement, c’est lorsque je vis leur sollicitude à mon égard, l’année dernière alors que je croyais « refaire ma vie », que cette première fois a eu lieu : rôles inversés. Ce n’était plus la mère qui se souciait des doux émois mais les fils _ et les belles-filles, discrets, encourageants....
Eh bien, c’était cela, « la première fois » : tous des grandes personnes.
Angèle Kroonen
