« Le travail honnête n’a jamais fait de mal à personne. »
Bravo, maman, bien parlé, beau principe ; parce que, nous, on est pauvres mais honnêtes et fiers de l’être.
Quand on n’a pas eu l’occasion de s’enrichir, il faut bien mettre sa fierté quelque part !
Je suis certain que ton beau principe serait hautement apprécié par les mineurs de fonds qui ont travaillé honnêtement pendant quelques années et qui se sont retrouvés à quarante ans avec les poumons complètement détruits par la silicose ; sans même parler des veuves et des orphelins de ceux de Marcinelle qui seraient certainement très réceptifs à ton message. Si tu fais une tournée de conférences pour semer la bonne parole, n’oublie surtout pas de passer par Seveso où tu seras certainement très applaudie. Le détour par Bhopal est un peu long mais ce serait dommage de le manquer : là aussi auditoire sympathisant assuré. Je te fournirai la liste des usines où on travaille ou on a travaillé avec de l’amiante : ce sont des endroits où le travail honnête a grandement contribué à assurer la santé des gens. Dommage que la technique du "puddlage" a disparu : c’était une vraie cure de santé pour les ouvriers honnêtes qui, à trente ans, avaient déjà les poumons complètement brûlés !
Bref, mes amis de JMV, vous m’avez compris et vous pourriez continuer la liste vous-mêmes.
Mais, toi, maman, te souviens-tu de ton beau père, Tuné, qui a travaillé dur sans s’enrichir (c’est bien çà la définition du travail honnête, n’est pas ?) à la carrière et qui à l’âge de la pension, avait le dos tellement abîmé qu’il était courbé comme un arc ?
Allez, je vais faire quelque chose pour t’aider, je te propose un proverbe de remplacement :
« le travail honnête n’a jamais enrichi personne. »
C’est moins bien pensant mais sans doute plus réaliste.