Si vous voulez connaître la 1ère partie de l’histoire de Joline : "Militer pour l’avortement et ... avorter", cliquez ici

Bien protégée par la pilule contraceptive, j’ai repris ma vie doucement et prudemment. Plus tard je me suis mariée, j’ai eu trois enfants.

20 ans après, j’ai quitté mon mari pour épouser une femme. C’est une autre histoire ; la voici !

Je pense que rares sont les femmes qui se sont appropriées le mot homosexualité. Quand j’entends ce mot, je l’associe à des hommes. Mais bon, passons.

En 2000, alors que je vivais ma vie de femme mariée pas vraiment heureuse, je rencontre une personne dans une camionnette de police qui devait nous transporter à une conférence à Dublin. Je me suis assise dans cette camionnette ; la femme à côté de moi se retourne et se présente.
Je suis comme foudroyée et réalise à l’instant que ma vie va basculer. J’apprends qu’elle est française d’origine algérienne et vit depuis plus de quinze ans au Royaume Uni et en Irlande. Pendant les deux jours de conférence je ne la quitte pratiquement pas des yeux. Lorsqu’elle part pour rentrer chez elle à Belfast chez sa compagne, je suis paniquée. Est-ce que je vais la revoir ? Est-ce que je veux la revoir ? Pour la première fois de ma vie j’ai rencontré une vraie lesbienne et je n’arrête pas d’y songer.

Les semaines et puis les mois passent. On s’échange des petits mails plutôt professionnels, puis plus rien, silence radio. Je suis triste mais je me dis : c’est peut être mieux ainsi.
Puis un mois de septembre en 2001, un coup de fil :
  Je suis en bas de ton bureau, as-tu le temps de prendre un café ?
Je claque le téléphone et cours à sa rencontre. Les mois qui suivent elle vient me voir et nous dinons ensemble. La distance commence à peser et je lui déclare mon amour, quelle délivrance !

A mon mari je demande un divorce parce que je ne veux plus vivre un amour caché, caché de mon mari, de mes enfants, de mes amis, de mes parents, de mes collègues. Mon mari est évidemment furieux d’avoir été trompé avec une lesbienne, mais je suis décidée, je n’ai plus vingt ans, je n’ai qu’une vie et je vais vivre mon amour. Son psy me convoque pour me dire que si mon mari se suicide, ce sera de ma faute. Je suis choquée par ses propos et regrette de ne pas l’avoir enregistré. Mon mari me promet qu’il va me trainer dans la boue et me dénoncer auprès de tout le monde, y compris mes fils, mes collègues, la famille et mes amis. C’est ce qu’il a fait en effet, mais sans grand succès.

Pour moi, ce n’est pas un problème car j’ai déjà parlé avec chacun de mes fils séparément, avec ma mère qui a 80 ans (qui a perdu une fille - ma soeur décédée - mais qui me déclare en avoir retrouvé une autre), j’en informe ma hiérarchie et mes collègues et mes amis. Je l’ai même annoncé via un article dans le courrier du personnel ! Je n’ai pas eu de réactions négatives, pas même de la part des gens que je connais à peine, comme mes voisins. Je suis contente, fière, debout et heureuse.

Nous nous sommes mariées en 2007.

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