La démarche d’écriture de Jean-Dominique, l’adopté

Aujourd’hui, je viens d’avoir vingt-cinq ans. En regardant en arrière, je suis touché par mon parcours qui n’est pas banal. Adopté à l’âge de dix-huit mois, je traverse une grande partie du monde, quittant le Chili pour arriver en Belgique dans ma nouvelle famille.

Relater dans un livre cette expérience d’une double appartenance, celle que j’ai connue avec ma famille d’origine et que j’ai redécouverte et celle que je vis avec ma famille adoptive, voilà bien le projet inhérent à cette écriture. Exprimer aussi ce lien fort que je peux vivre avec ma culture sud-américaine, même si l’Europe est devenue ma terre d’accueil, fait tout autant partie de mon intention.

Ce livre s’inscrit dans ma quête d’identité qui, pour l’enfant adopté, se complexifie par sa situation de désaffiliation et de réaffiliation. Pour me réapproprier mon histoire, je dû faire le deuil de ma famille d’origine et accepter la greffe proposée, celle qui m’impliquait dans une autre famille.

Au terme de cet écrit, je me sens dans un nouvel ancrage, familial et culturel. Pour cela, il me fallut non seulement rechercher mes origines mais aussi intégrer la trajectoire entière de ma vie, celle qui débuta au Chili aux côtés d’une première mère et celle qui se prolongea, ici en Belgique, au coeur d’une seconde famille, ma famille adoptive. À travers les aléas de mon itinéraire, je peux dire qu’actuellement, je suis habité par un sentiment d’unité, créateur d’ouverture plus profonde et de dynamisme mieux ciblé.

Proposer un livre à la lecture, c’est continuer à lui donner vie. Ce livre relate une expérience et chacun sait ce qu’elle a d’unique. En mettant en évidence les deux axes fondamentaux, abandon et adoption, autour desquelles tourne la vie d’un enfant adopté, ce récit dépasse le particulier et touche la problématique de l’enfant déraciné qui doit se reconstruire ailleurs.

Ainsi, cette histoire s’adresse tout particulièrement aux candidats à l’adoption, aux enfants adoptés, à leurs parents et aux professionnels de l’adoption. Elle peut être source de débats pour les uns et pour les autres.

La naissance d’une adoption

À Bruxelles vivait une famille de trois enfants. Thomas avait alors sept ans, Christine quatre ans et demi et Vinciane deux ans. Les parents, Paul et Danielle, pensaient alors clôturer leur famille bien qu’à une époque, ils s’étaient posé la question d’un éventuel quatrième enfant.
Puis un soir, lors d’une lecture collective d’un livre qui racontait l’histoire d’une famille qui avait adopté plusieurs enfants, Thomas demanda à ses parents s’ils ne pouvaient pas eux aussi ouvrir leurs portes à « un enfant d’ailleurs ». La réponse donnée d’emblée ne manifesta pas beaucoup d’enthousiasme. Les trois enfants occupaient déjà une belle place et la maison n’était pas si grande que cela. Ma future mère me raconta que sa réponse la laissa mal à l’aise car elle y sentait qu’une étroitesse de coeur et un contre-exemple à l’ouverture qu’elle souhaitait vivre avec sa famille. Néanmoins, mes futurs parents se sont laissés toucher par cette interpellation, se rappelant qu’ils avaient envisagé d’avoir quatre enfants. Ils ont alors exprimé à leur progéniture le chemin qu’avait fait la question de Thomas et ils leurs ont clairement dit qu’ils se mettaient en route pour adopter un enfant.

Extrait de "L’adoption, l’expérience du double lien par Jean-Dominique Defawe" (page 23)

Le point de vue de Danielle, la maman adoptante

Ce livre, écrit en duo, a certes introduit un nouveau dynamisme chez chacun de nous en particulier, mais aussi au sein de notre relation. Tout naturellement je m’ouvre aux découvertes occasionnées par ce travail d’écriture. Je les reconnais comme faisant partie intégrante du projet et dans cette mesure, elles font partie du succès. Mon regard sur Jean-Dominique se modifie. Au-delà de ses fragilités, je le vois fort d’avoir pu dépasser les terrains accidentés. Ma confiance en son avenir s’est, sans nul doute, accrue. Surtout, je me sens, suite à ce travail, un peu plus mère de l’enfant né hors de moi.

Extrait de "L’adoption, l’expérience du double lien par Jean-Dominique Defawe" (page 11)

2 commentaires Répondre

  • Sylvie (réda Magusine) Répondre

    Chère Danielle,
    J’ai "dévoré" ce livre écrit en duo et je l’ai fort apprécié, tant dans sa méthodologie, tellement originale et émouvante, que dans son propos. Ta démarche d’adoption surtout m’a marquée dans sa générosité, son intelligence, sa lucidité, son humanité avec ce qu’elle comporte comme faiblesses et grand désir de "bien faire". Le parcours de Jean-Michel est également remarquable dans sa persévérance à comprendre les choses et à y travailler.
    Quel beau regard sur l’adoption !
    Bon chemin à tous 2 !

    • Danielle Wacquez Répondre

      Chère Sylvie, Un grand merci pour ton coup de téléphone rempli d’enthousiasme et ta réaction au livre pleine de sensibilité. C’est très bon d’être reconnue ainsi. Danielle

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