Vous prenez un cigare, pas celui d’une boîte où il est inscrit en petit : habana, mais un vrai de vrai, qui sort de l’humidificateur d’un rare marchand encore spécialisé en tabac (comme l’était mon papa).
C’est probablement un vrai cigare cubain : un Montechristo, un Partagas, un Romeo y Julietta, un cigare avec peut-être un petit chignon sur la tête. (Après 1964, c’est peut-être un Davidoff.)
Il est assez long, gros selon l’index, le majeur ou le pouce.
Les extrémités : un bout plat tranché net où l’on voit les fibres internes du tabac et un bout rond fermé : la tête, parfois avec une petite boule : le chignon.
Il ne doit pas être ni trop mou, ni trop sec, juste un petit croquer. Pour cela, on écoute le cigare en le faisant rouler entre le pouce, l’index et le majeur, près de l’oreille.
Il faut couper ce bout rond (tête) pour « ouvrir la cheminée ».
Ensuite il faut de quoi l’allumer : des allumettes, pas de briquet.
Il faut aussi un peu de bois de cèdre : soit celui qui entoure le cigare, soit une ou deux petites lattes fournies par le marchand.
Pour déguster pleinement ce produit, on s’installe confortablement dans un très bon fauteuil, à côté d’un vieux cognac... pour les Français, d’un vieux whisky pour les Anglais…
Vient le temps de l’allumage. En tournant le feu autour du bout opposé à la tête, on chauffe le cigare pendant un certain bon moment. Puis pour attiser le feu, on souffle sur le cigare. Quand il est bien chauffé, on tire sous celui-ci deux, trois fois. Le mot « aspirer » est incorrect est beaucoup trop faible.
Pour terminer vient enfin le plaisir tant attendu : le fumer, le humer, le savourer et même rêver... d’exotisme, de certaines femmes dont les cuisses ont servi à rouler ces précieuses raretés.
Quel arôme à nulle autre pareille. Les cinq sens participent à ce moment unique. (ouie, vue, odorat, toucher et goût).
Comme j’aime ce parfum et lorsque mon homme allume un Havane, il m’arrive d’y tirer quelques fois.

Petite anecdote d’avant 1960 : nous avions une cliente avocate... Elle arrivait, achetait un Havane, s’asseyait dans un fauteuil, croisait haut les jambes, mordait le chignon du cigare, crachait celui-ci, l’allumait et …le fumait. À cette époque : quel tollé !

3 commentaires Répondre

  • Répondre

    L’art de fumer le havane...et de ne pas être pressé par BABA

    Hummm c’est bon, trop bon.Je me souviens, il y a 30 ans ou à la recherche de plaisir je cherchais entre la cigarette, la pipe, le cigare...
    Quel bonheur, quelle senteur, quelle jouissance de pouvoir fumer en cachette, à l’aise un bon "Havanne" payé bien cher, à l’abri des regards ...Quel souvenir, le bon temps !

    • Moune Gharbi-Chantraine Répondre

      Mais n’est ce pas toi , mon amie des années "école normale" qui décrit là un bon moment de "fumée" ?
      Je pense bien qu’il n’y a qu’une Baba , n’est ce pas ?
      Alors je te fais un petit coucou via cette réponse .
      Moune  🙂

  • Jacqueline Bouzin Répondre

    Quelle gourmandise, Baba, dans cette decription sensuelle ! J’ai appris beaucoup sur l’art de fumer le cigare. Quel regret : je n’aime que le geste mais ne supporte pas la fumée ! Amicalement.JacquelineB.

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