Fêter son anniversaire, c’est somme toute assez banal : cela revient chaque année à la même date, un peu comme Noël et le jour de l’an nouveau.
Les dates anniversaires s’accumulent, ne se ressemblent pas, cependant la plupart se perdent dans le même brouillard de l’oubli.
Comment ai-je fêté mes 27 ans ? 41 ans ? 63ans ? Je n’en sais plus rien et, à vrai dire, cela me laisse plutôt indifférente. Dans l’après-coup !
Car, je dois bien l’admettre, depuis quelques années, j’ai pris l’habitude d’annoncer mon nouvel âge anticipativement, histoire de m’accoutumer pendant un an à l’âge que je vais avoir. Ça peut paraître idiot mais c’est comme ça ! A force j’en oublie parfois mon âge réel.

L’âge réel, c’est une chose que n’oublient pas les enfants. Ils aspirent tellement à avoir un an de plus. Ils ressentent beaucoup de fierté à grandir, à rejoindre le même âge que le copain ou la copine qui a eu un an de plus un peu avant eux.

A partir de quand commence-t-on à remplacer le mot « grandir » par le mot « vieillir » ? On ne l’énonce pas forcément comme tel. Pourtant il y a un moment où le mot commence à s’infiltrer peu à peu tout au fond de soi.
Souvent, mon miroir me réfléchit une image horrible qui ne correspond absolument pas à la manière dont je me sens. Je ne reconnais pas cette femme trop grosse, au teint terne et au cou ridé. Bah ! Tant que je ne me sens pas vieille, je balaye allègrement le miroir et les pensées parasites.

C’est vers 20 ans environ que l’on arrête de « grandir », dans le sens où on a atteint sa taille adulte définitive.
Plus tard vient le moment où on commence à avoir conscience qu’il nous appartient de continuer à grandir « autrement ».
Tant que l’on est dans une disposition d’ouverture proche de celle de l’enfant, curieux d’élargir ses connaissances, on ne se sent pas vieillir. Quelque chose continue à « grandir » en soi.

Les premières sensations de « vieillir » ne tiennent généralement pas à l’âge mais à des circonstances douloureuses qui pèsent certains jours ou certaines périodes de la vie : une vilaine grippe, un deuil, une séparation, une opération chirurgicale un peu lourde, un état d’esprit triste ou maussade difficile à surmonter.
L’épreuve passée, on retrouve son allant et, rassuré, on a l’impression de se retrouver à nouveau comme avant.

Et puis, il y a les passages à la dizaine supérieure.
Pour moi, comme pour d’autres, ces passages sont des étapes qui font conscientiser davantage le temps qui passe. Ce sont des dates vécues au présent qui mettent en tension un passé qui s’allonge et un avenir qui raccourcit. Je crois que cela ne laisse personne indifférent.

Je me souviens de mes 20 ans grâce à la soirée dansante organisée par mes parents. Je me souviens de mes 50 ans parce que mes enfants m’avaient organisé une fête surprise avec tous mes amis.
Je n’ai aucun souvenir de mes 30ans, 40 ans ni 60 ans. Sans doute aucune fête un peu différente des autres n’est venue ponctuer ces anniversaires.

Aussi, quand Bernard et les enfants m’ont demandé comment je souhaitais passer cette nouvelle dizaine, ma première pensée a été de me dire : Oh la la, non, pitié !
Mon premier mouvement a été de vouloir me réfugier dans un trou, ou de me cacher sous la couette la tête sous l’oreiller.
Tout au plus vais-je fêter cet anniversaire comme les précédents, sans chichis, à petites doses répétées. Quelques lunchs en tête-à-tête avec des amies choisies, une bouteille pétillante avec mon petit groupe d’écriture, un bon repas en famille couronné d’un incontournable gâteau au chocolat.
J’aime bien les rituels, même si cela contribue à fondre chaque anniversaire dans une sorte de répétitions du même qui ne permet plus de les distinguer les uns des autres.

Finalement, ma nature a repris le dessus. Quel que soit l’âge sur ma carte d’identité, il y a toujours en moi un enfant qui aime trop faire la fête, surtout en organiser, parfois avoir la surprise d’en être le centre.
Alors oui, j’avais envie de marquer le coup. Comment ? Peu m’importait, juste besoin de faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire, pour que cela reste gravé dans ma mémoire comme un souvenir particulier.

Puisqu’on était au Portugal pour la cueillette des agrumes, autant faire un petit aller et retour à Lisbonne pour y retrouver mon fils et sa compagne portugaise.
Première fois de ma vie que je fête mon anniversaire à Lisbonne ! Voilà déjà un bon point en faveur de l’extra-ordinaire !
Hôtel obligé pour la nuit, donc autant en choisir un avec thalasso, circuit à bulles et hammam. Mmmm ! Le massage aux pierres chaudes, une expérience divine, et donc mémorable. A recommencer dès que possible !

Difficile ensuite de retrouver ma présence d’esprit pour accueillir une partie de la famille dans un bon restaurant du bord de mer.
La surprise arrive sous la forme d’un gros ballon d’enfant avec les chiffres « 7 » et « 0 » en rose brillant sur fond noir, entourés de pastilles grises et mauves. Je ne passe pas inaperçue dans le restaurant.
Les deux chiffres fatidiques se retrouvent en bougies dorées sur le gâteau chocolat. J’ai droit aux chants de circonstance, d’abord en français puis en portugais.
Je joue le jeu jusqu’au bout. Le côté « kitch » de toute cette mise en scène m’apparaît plutôt comique et pas aussi agaçant que j’aurais pu l’imaginer. Preuve que je suis malgré tout dans une disposition positive.

Pour sûr, je m’en souviendrais de mes 70 ans et ce n’est pas pour me déplaire.
Je suis arrivée à un âge où il me semble important de me fabriquer quelques nouveaux bons souvenirs.
Ça peut toujours servir !

1 commentaire Répondre

  • JeannineK Répondre

    Ah les anniversaires !
    50 ans tous invités chez ma maman : se faire une tête
    60 ans vol en montgolfière
    70 ans en bateau privé sur la Dyle
    80 ans tous ensemble à la mer pour 2 jours
    Que des beaux souvenirs !
    les dizaines cela se fête ! Je les fête en famille c’est super !
    Merci de nous avoir donné ce texte sur les anniversaires Même si le chiffre devient impressionnant c’est toujours aussi gai !

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